Kwamé NKRUMAH est entré dans l’histoire pour avoir arraché l’indépendance de son pays aux Anglais en 1957 avant la grande série des indépendances des années 1960. C’est le premier pays indépendant d’Afrique subsaharienne. Il a dans la foulée, milité pour que les autres pays d’Afrique encore sous la coupe des nations occidentales se libèrent du joug colonial. Il est aussi connu comme le père du panafricanisme en Afrique.

Kwamé NKRUMAH nait dans le sud de la colonie britannique de la Golden Coast (Côte d’or) un samedi 18 septembre 1909 d’un père bijoutier et d’une mère commerçante. Après une enfance heureuse auprès de ses parents et de ses 13 frères et sœurs, sa vie bascule à la mort de son père en 1927. Il est alors étudiant-instituteur à Accra. A la fin de ses études un poste lui est proposé mais les articles publiés par un certain Nnamdi Azikiwé formé aux Etats-Unis, le décident à poursuivre sa formation aux Etats-Unis.  Voici un extrait de ces articles : « Aux colonies, les Européens croient en un dieu qui donne aux administrateurs les ordres suivants : […] votez une loi de sédition pour bâillonner l’Africain, une loi de déportation pour envoyer les Africains en exil, toutes les fois qu’ils oseront mettre votre autorité en cause, baptisez les Africains païens au moyen de bombes, de gaz toxique, etc… »,

En 1935, après avoir réuni ses maigres économies et surtout grâce à l’aide financière d’un parent installé à Lagos, il part pour les Etats-Unis à l’université de Lincoln en Pennsylvanie, première université américaine à mettre les hautes études à la portée des Noirs. Là, il se familiarise aux travaux et écrits de Marcus GARVEY et de W.E.B. DUBOIS. Il obtient son Bachelor of Arts en sciences économiques et sociologie, passe avec succès une licence de théologie, et obtient même le titre de maitre ès sciences, puis celui de maitre ès Lettres en philosophie de l’université de Pennsylvanie. Après 10 ans passés aux Etats-Unis, en 1945, Nkrumah part pour Londres avec la ferme intention de passer son doctorat. A peine arrivé, il participe activement avec George Padmore, en tant que secrétaire conjoint à l’organisation du 5ème congrès panafricain qui fut un vif succès. Il rejoint plusieurs mouvements politiques, syndicats et autres dont quelquefois il devint président comme l’Union des Etudiants d’Afrique Occidentale ou encore le Secrétariat National de l’Afrique Occidentale dont il fut le secrétaire général. Dans cette dernière fonction, il édite même un journal, « le nouvel Africain » (Voix de l’Africain éveillé), qui propageait les idées du secrétaire général, idées d’indépendance et de panafricanisme. Il est vite fiché par le gouvernement britannique comme extrémiste et activiste influent.

En 1947, Nkrumah rentre au Ghana à l’appel d’un parti indépendantiste the « United Gold Coast Convention » (UGCC) pour en être le secrétaire général. Il est accueilli chaleureusement et se met au travail avec ardeur. Sa vision panafricaine et ses idéaux pour l’auto-gestion rapide de la Côte d’Or, lui engendrent rapidement des opposants au sein même de l’UGCC. Cependant il continue de travailler d’arrache-pied en ayant à cœur de se rallier les étudiants et la majorité de la population qu’il rencontre régulièrement et avec qui il garde le contact par le biais d’un journal le « Accra evening news ». Les ennuis continuent et le pousse à créer son propre parti, le « Convention People Party », le Parti de la Convention du peuple (CPP) en juin 1949. Le gouvernement colonial l’emprisonne en janvier 1950. Il est condamné à 3 fois 1 an de prison ferme pour divers chefs d’accusation. De sa prison, Kwame Nkrumah se porte candidat aux élections législatives de février 1951 sous le couvert de son parti CPP. Son parti remporte haut la main les élections et le gouvernement n’a pas d’autre choix que de le libérer après 14 mois de prison. Il devient dans la foulée, soutenu par la population de la Côte d’Or, le chef des affaires du gouvernement dans le cadre d’un gouvernement dirigé par la Reine d’Angleterre… L’année suivante, il est nommé Premier ministre. Le 6 mars 1957, l’indépendance de la côte d’Or est proclamée et Nkrumah change aussitôt le nom du pays en celui de « Ghana », en mémoire de l’illustre empire. Sitôt à la tête du pays, Nkrumah n’a d’autre idée que d’aider les autres pays son dépendance coloniale à devenir indépendant. Il vient en aide à Sékou Touré qui a dit « NON » à De Gaule et lui fait un prêt de 10 millions de livres sterling pour l’aider à surmonter la destruction de son pays opérée par la France. Il tente par tous les moyens de développer une politique intérieure et extérieure cohérente basée sur l’union des pays africains. Il veut promouvoir un état central africain car selon lui « notre liberté est en danger tant que les Etats indépendants d’Afrique sont désunis ». L’autre grand cheval de bataille de Nkrumah est le « consciencisme », sa théorie principale qu’il tente de développer : « Notre philosophie doit trouver ses armes dans le milieu et les conditions de vie du peuple africain. C’est à partir de ces conditions que doit être créé le contenu intellectuel de notre philosophie ».

En 1963, Nkrumah est l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), mais il n’est pas suivi dans la politique qu’il veut initier car les autres présidents des nouveaux pays indépendants, conseillés par les (ex)puissances coloniales, tiennent à leurs prérogatives de chef d’état. Ces pays qui s’enrichissaient grassement sur le dos des pays africains, n’entendent pas lâcher l’affaire et diabolisent Nkrumah qui représente une sérieuse menace avec ses idées d’unité économique et monétaire africaine. Ils sèment le trouble à l’intérieur de son pays. Nkrumah échappe à plusieurs tentatives d’assassinat. Il développe alors une véritable paranoïa, réprime toutes les tentatives d’opposition dans le sang, emprisonne certains de ces ministres sans procès, et se fait désormais appelé « osagyefo » (le rédempteur ). Il se proclame président à vie avec son parti unique le CPP.

En 1966, un coup d’état surprend le Ghana, alors que l’osagyefo était parti faire une tournée en Chine. Le peuple, fatigué de se serrer la ceinture suite aux réformes économiques du président visant à moderniser le pays, descend dans la rue pour fêter la destitution de Nkrumah. Après avoir été adulé, c’est la descente brutale pour le père de la nation. Il se réfugie auprès de son ami Sékou Touré en Guinée. Il profite de cet arrêt pour écrire et développer sa pensée afin qu’elle soit diffusée.

Il meurt en 1972 d’un cancer de l’estomac. Son rêve pour l’Afrique est encore actuel et parait incontournable pour un avenir économique de l’Afrique, équilibré et viable.

Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *