“L’heure est aux martyrs. Si je dois en être, que ce soit pour la cause de la fraternité.” Malcolm X.

Malcolm X est le fils d’un pasteur Baptiste le révérend Earl Little, qui militait dans l’association universelle pour le Progrès des Noirs (U N I A) de Marcus Garvey. L’enfance de Malcolm X a donc été marquée par le militantisme de son père d’autant plus que le père de Malcolm X ainsi que plusieurs de ses oncles ont payé de leur vie leur engagement pour la cause des Noirs. Le destin de Malcolm semblait tout tracé : un jour, lui aussi mourrait de mort violente. La mère de Malcolm X, Louise Little, était une métisse d’origine antillaise (Grenade) et c’est d’elle que Malcolm X tient sa peau couleur de bronze, plus rougeâtre que noire. Après la mort de son mari – alors que Malcolm X n’avait que six ans – la pauvre femme devint progressivement folle et ses enfants, dont Malcolm furent placés sous tutelle judiciaire et confiés à l’assistance publique. Malcolm grandit tant bien que mal chez ses tuteurs et se sentit bientôt attiré par l’univers du ghetto. Seul, dans la jungle de Harlem, il sombre très vite dans la délinquance et tourne au bandit. Comme des milliers de Noirs Américains pour qui le rêve américain s’est transformé en cauchemar, Malcolm X surnommé “Red” se retrouve en prison. Tel est le chemin de Damas de Malcolm avant sa rencontre avec l’Islam des “Muslims” (Musulmans noirs, adeptes d’Elijah Muhammad appelé “le Messager”). Au contact des Musulmans Noirs, Malcolm X découvre avec une stupeur mêlée de gourmandise l’Histoire de la race noire à travers les siècles, depuis les origines de l’Humanité jusqu’au XXe siècle de l’ère chrétienne. Une histoire qui avait été falsifiée par les Blancs, lesquels s’étaient attachés à blanchir l’Histoire afin de laver le cerveau de l’homme Noir pour mieux l’exploiter et le maintenir dans un état de sujétion. Le “diable blanc” était responsable du plus grand crime commis contre l’humanité : la Traite des Noirs. L’homme Noir Américain était le résultat d’une longue entreprise d’acculturation : il ne connaissait rien de ses ancêtres, de la culture et de la religion de ses ancêtres, ignorant jusqu’à son propre nom et vivant dans la honte d’être noir. Le Noir américain avait besoin d’une rédemption nouvelle : l’abolition de tout esclavage mental. Pour Malcolm, cette libération commence par le rejet du nom d’esclave donné à ses parents par les blancs. Désormais, le nom de “Little” sera remplacé par un “X” représentant le nom africain de Malcolm et de sa famille, nom tombé dans l’oubli à cause des blancs et de leur froide stratégie de génocide culturel mis en place à l’encontre des Noirs du Nouveau Monde. Zélé disciple d’Elijah Muhammed, Malcolm X ne tarde pas à devenir pasteur de la nation de l’Islam après sa sortie de prison. Après une ascension foudroyante, il devient le principal tribun de cette organisation noire qui représente un important mouvement de masses. Les sermons de Malcolm X sont percutants; ils pénètrent avec force dans l’entendement de ses auditeurs toujours plus nombreux et désireux d’apprendre la doctrine salvatrice du messager. Cependant, avec les années, Malcolm X évolue en direction d’un Islam plus “orthodoxe”, plus ouvert sur l’universel et qui s’avère de plus en plus incompatible avec la doctrine d’Elijah Muhammad. C’est la rupture : Malcolm X est exclu des “Musulmans Noirs” et doit voler de ses propres ailes. Alors que cette dernière mutation est en cours et que Malcolm n’a pas encore atteint toute sa maturité spirituelle, il est assassiné* à l’instar de son père et de ses oncles. Il n’a que trente-neuf ans. En guise de testament spirituel, il écrit ces quelques mots : “J’ai pensé que si les blancs américains admettaient l’unicité de Dieu, ils pourraient peut-être aussi admettre l’unicité de l’homme et ils cesseraient de nuire à autrui pour des raisons de couleur, le racisme étant le véritable cancer de l’Amérique… Je crois que les jeunes blancs de la nouvelle génération, … que nombre d’entre opteront pour la vérité spirituelle. C’est le seul moyen qu’ait encore l’Amérique d’éviter le désastre.” El Hadj Malik El Shabbaz (Malcolm X)

*Note : Malcolm X a certainement été assassiné par les forces de répression du monde blanc (F B I, C I A…) qui avaient pour fonction d'”empêcher l’avènement d’un messie noir, d’une personne capable de faire de l’Amérique Noire une force de cohésion unifiée.” (J.Edgard Hoover cité par Mumia Abu Jamal, La mort en fleurs p.128)

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