Martin Luther King nait le 15 janvier 1929 dans une famille de pasteurs baptistes (son père et son grand-père étaient pasteurs) en pleine Amérique ségrégationniste. Il fait très tôt l’expérience du racisme dans le Sud des Etats-Unis où il habite avec ses parents. Après une scolarité sans problèmes, il rentre à une Université réservée aux garçons noirs (Morehouse College) puis au Crozer Theological Seminary d’où il sort avec une licence de théologie en mai 1951. Il épouse Coretta Scott en 1953 dont il aura quatre enfants. En juin 1955, il obtient son doctorat de philosophie à l’Université de Boston.

1955, l’année charnière

Deux ans auparavant Martin Luther King Jr est nommé pasteur d’une église baptiste à Montgomery. Cette période était particulièrement difficile en raison des exactions racistes qui étaient commises dans le Sud des Etats-Unis surtout depuis que la Cour suprême des Etats-Unis avait déclaré en 1954 la ségrégation dans les écoles, illégale. En 1955, trois crimes racistes odieux sont commis, celui d’Emmet Till un adolescent de 14 ans qui avait osé faire des avances à une fille blanche, celui de Lamar Smith actif militant pour les droits civiques et celui de George W. Lee, pasteur militant. L’affaire Rosa Parks donna l’occasion à Martin Luther King d’être en pleine lumière.

Le 1er décembre 1955, Rosa Parks est arrêtée par la police pour avoir refusé de céder sa place à un homme blanc dans un autobus. Elle est relâchée le lendemain mais le Conseil des Femmes Politiques (Women’s Political Council) décida d’une journée de boycott des bus de Montgomery pour le 4 décembre. Devant le succès de cette journée, une association se crée (Montgomery Improvement Association) et nomme à sa tête un jeune pasteur noir, Martin Luther King Jr. Cette association va continuer le boycott des bus jusqu’à la victoire finale : 382 jours de grève, la faillite des bus de la ville (75% des utilisateurs étaient noirs), plusieurs églises noires incendiées, la maison de ML King dynamitée, mais le 13 novembre 1956, la Cour suprême déclare illégale la ségrégation dans les bus, les restaurants et autres lieux publics.

ML King prend officiellement la tête pour le mouvement des droits civiques. Il est très inspiré par Gandhi dont il adopte la lutte non violente qu’il décline en marches pacifiques, sit-in dans des lieux réservés aux blancs, agenouillement dans les églises réservées aux blancs… Les actions sont nombreuses et sa popularité dépasse les Etats-Unis, il est même invité par Kwame Nkrumah aux fêtes d’indépendance du Ghana en mars 1957.

En 1963, il est appelé à Birmingham pour des actions concrètes dans cette ville ultra-raciste. Le pasteur de la ville venait d’être emprisonné pour désobéissance aux lois ségrégationnistes. L’action commença par le boycott des entreprises qui refusaient d’employer des noirs (100% des magasins), elle se poursuivit par des sit-in dans des restaurants, des bibliothèques, des églises réservées aux blancs, des marches pacifiques etc.… ML King fut arrêté le 13 avril et libéré une semaine plus tard. Devant le manque de volontaires pour les actions, des enfants et des étudiants furent recrutés et entraînés aux techniques de manifestations non violentes. Le 2 mai, la police répliqua férocement en lâchant sur eux des chiens et des jets d’eau violents à très haute pression. Ces scènes de violence contre des enfants firent le tour du monde et entraînèrent des réactions de réprobations nationales et internationales. Le 21 mai, les lieux publics sont ouverts aux noirs après le renvoi du chef de la police locale et la démission du maire.

Le 28 août 1963 c’est la célèbre marche sur Washington qui réunit en plus des afro-américains toutes les minorités du pays. 250000 personnes sont dans la rue, ML King prononce son célèbre discours « I have a dream » au Capitole et en 1964 il est le plus jeune personnage à recevoir le prix Nobel de la paix pour son action pacifiste et sa lutte non violente pour l’obtention des droits civiques. La lutte continue et les actions se multiplient dans tous le pays.

Cependant, alors que dans le Sud, des améliorations étaient en marche, le Nord où s’étaient amassés des milliers de noirs qui fuyaient le racisme, sombrait dans le désespoir et ne croyait plus en la lutte non violente. Martin Luther King va donc s’y installer avec sa famille et se frotte aux mouvements prônant une libération plus violente. C’est le temps du Black Power et des Black Panthers. Il les rencontre, essaie de collaborer avec eux et se rend compte de la maldonne du système politique américain lui-même. C’est le temps alors de sa radicalisation, de sa condamnation de la guerre du Vietnam mais aussi de son affirmation encore plus forte de sa foi en la non violence : « la non-violence n’est plus un choix pour l’analyse intellectuelle : c’est un impératif pour l’action ». En mars 1968, il est en déplacement à Memphis pour soutenir une grève lancée par les éboueurs noirs pour de meilleures conditions de vie. Le 3 avril dans une église pleine à craquer, le discours qu’il prononcera « I’ve been to the top of the mountain » sera prophétique : « Eh bien, je ne sais pas ce qui va arriver maintenant. Nous avons devant nous des jours difficiles. Mais peu m’importe ce qui va m’arriver maintenant, car je suis allé jusqu’au sommet de la montagne… Comme tout le monde, je voudrais vivre longtemps… Mais je ne m’en soucie guère maintenant. Je veux simplement que la volonté de Dieu soit faite. Et il m’a permis d’atteindre le sommet de la montagne. J’ai regardé autour de moi. Et j’ai vu la Terre promise. Il se peut que je n’y pénètre pas avec vous. Mais je veux vous faire savoir, ce soir, que notre peuple atteindra la Terre promise. Et je suis si heureux, ce soir. Je ne m’inquiète de rien. Je ne crains aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du Seigneur ».

Ce sera son dernier discours. Il est assassiné le lendemain sur le balcon de l’hôtel où il se trouvait, le Lorraine motel, à Memphis dans le Tennessee. Il avait trente-neuf ans.

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