Bien que nos positions vis-à-vis des deux blocs soient considérées comme neutres, notre histoire atteste du fait que nous nous sommes toujours efforcés de coopérer avec toutes les nations sans exception. Ainsi, un des principes fondamentaux sur lequel nous nous sommes mis d’accord au Sommet d’Addis-Abeba est notre désir fondamental de vivre en harmonie et en coopération avec tous les états.

A propos de la discrimination raciale, la conférence d’Addis-Abeba à enseigné à ceux qui veulent apprendre cette autre leçon : Tant que la philosophie qui fait la distinction entre une race supérieure et une autre inférieure ne sera pas finalement et pour toujours discréditée et abandonnée, tant qu’il y aura encore dans certaines nations des citoyens de première et de seconde classe, tant que la couleur de la peau d’un homme n’aura pas plus de signification que la couleur de ses yeux, tant que les droits fondamentaux de l’homme ne seront pas également garantis à tous sans distinction de race,… jusqu’à ce jour là, le rêve d’une paix durable, d’une citoyenneté mondiale et d’une règle de moralité internationale, ne restera qu’une illusion fugitive que l’on poursuit sans jamais l’atteindre. Et tant que les régimes ignobles et sinistres qui tiennent en esclavage nos frêres en Angola, Mozambique et Afrique du Sud n’auront pas été renversés et détruits, et tant que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et les intérêts personnels n’auront pas été remplacés par la compréhension, la tolérance et la bonne volonté, tant que tous les Africains ne pourront pas se lever et s’exprimer comme des êtres humains libres, égaux aux yeux de tous les hommes comme ils le sont aux yeux de Dieu, jusqu’à ce jour, le continent africain ne connaîtra pas la paix. Nous Africains, nous battrons si nécessaire, et nous savons que nous vaincrons, tant nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal.

Le sort de chacun de nous est le même – la vie ou la mort. Nous souhaitons tous vivre, nous tous dans un monde où les hommes seraient libérés des fardeaux de l’ignorance, de la pauvreté, de la faim et de la maladie. Et nous aurons tous hâte d’échapper à la pluie mortelle des retombées nucléaires si la catastrophe s’abattait sur nous.
Lorsque j’ai parlé à Genêve en 1936, le fait qu’un Chef d’état s’adresse à la Société des Nations était sans précédent. Je ne suis ni le premier ni ne serai le dernier Chef d’état à s’adresser à l’ONU, mais moi seul me suis adressé à la fois à la Société des Nations et à l’ONU à ce titre. Les problèmes auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés sont eux aussi sans précédent. Ils n’ont pas de contre-partie dans l’expérience humaine. Les hommes recherchent dans l’histoire des solutions et des précédents mais il n’y en a pas. Ceci est donc le défi suprême. Où devons-nous chercher comment survivre, comment répondre à des questions qui n’ont encore jamais été posées ? Nous devons nous tourner d’abord du côté de Dieu tout puissant qui a élevé l’homme au dessus des animaux et l’a doté d’intelligence et de raison. Nous devons avoir foi en Lui, et qu’Il ne va pas nous abandonner ou nous permettre de détruire l’humanité qu’Il a créée à Son image. Et nous devons regarder en nous-mêmes, dans les profondeurs de nos âmes. Nous devons devenir ce que nous n’avons jamais été et ce à quoi notre éducation, notre expérience et notre environnement nous a très mal préparé. Nous devons être plus grands que ce que nous avons été : plus courageux, avec une plus grande ouverture d’esprit et une vision plus large. Nous devons devenir les membres d’une nouvelle race, dépasser nos préjugés insignifiants, faire notre ultime allégeance non pas aux nations, mais à nos semblables au sein de la communauté humaine.
Hailé Sélassié Ier
le 6 Octobre 1963   

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